Françoise Grange
artiste plasticienne
Dans la cour ombragée
Sur la branche du figuier
Un oiseau coloré me regarde
Chante petit oiseau, chante
Frotte petite, frotte
La voix de la femme, stridente,
Hurle dans mes oreilles
Frotte, frotte, frotte
Et je frotte de plus en plus fort
Comme si je voulais effacer
L’image des billets passés de main en main
Le jour où elle m’a achetée
La femme au regard de fer
La femme au coeur dur comme pierre
Achetée
Debout à l’aube
Dans le silence transparent entre la nuit et lejour
Juste avant que ne commence
Le chants des oiseaux
Je m’agenouille pour nettoyer le sol
Frotte petite, frotte
Et je frotte
Surveillant du coin de l’oeil
L’arrivée du maître et de ses exigences
En cachette de la femme
Dans un réduit puant et sans lumière
C’est elle qui m’a achetée
Mais c’est lui qui a l’argent
Frotte, petite, frotte.